Mon accompagnante cette Inconnue.

Pas si lnconnue que cela puisqu’elle était ma Compagne.
La mission qu’elle s’était imposée et qui ne m’avait jamais effleurée ou alors à peine, faisait suite à
un accident de la vie.

Diagnostiqué, il y a quelques années, porteur d’un Myélome, puis opéré d’un Glioblastome, j’étais
devenu l’objet de toutes ses attentions, travail fatiguant s’il en est, de tous les jours mais aussi de
nuit. Elle veillait sur moi, m’accompagnant aux visites, examens, séances de rayon, chimio, mais aussi
dans les escaliers.

ll n’était pas question que je prenne le Bus, Elle avait peur que je n’y arrive pas.
ll a fallu qu’une rupture d’anévrisme ne lui permit pas de me récupérer après une Chimio.
Coup d’arrêt, prise de conscience brutale de ce que « Tu t’étais imposé tous ces mois >t simplement
parce que compagne d’un malade. Pardon pour cette méconnaissance, voire cet aveuglement.
Pourtant j’aurai dû voir, puisqu’à chaque séance de rayons ou de chimio les consultants étaient toujours
accompagnés qui par une épouse ou époux qui par un ou une ami (e).
Cela aurait dû m’alerter ou faire voir ce qui peut-être m’apparaissait normal alors que c’était du
temps pris sur une autre occupaüon autrement plus importante.
Les yeux enfin décillés, je rends grâce à ma Compagne ;
Je ne voyais pas l’engagement sans mot dire, même devant mon agacement idiot dû à une perte
d’autonomie. Dur, dur pour quelqu’un qui s’était toujours débrouillé seul, dure la chute du piédestal
illusoire qui m’avait conditionné, hélas.

J’ai parlé d’lnconnue alors que l’aurai dû parler d’invisible à mon regard vide;
Un grand Merci que j’exprime bien tardivement, mais sincère et lourd du regret de ne jamais Te
l’avoir dit quand j’en avais le loisir.

J’ai tracé ces quelques lignes pour tenter de rattraper l’irrattrapable, mais aussi et peut-être surtout
pour que Vous quivous battez aussi contre une maladie invalidante, Vous reconnaissiez l’engagement
de la personne à coté de vous dont le seul objectif est de rendre la vie plus facile. EIle aussi
porte sa part dans la maladie alors même qu’elle n’y est pour rien.

Dites-leur un Merci reconnaissant avec un mot gentil, voire une bise appuyée. Sauf à le faire maintenant
que cela vous est possible, vous vous éviterez le regret-qui mine et rend Ia vie lourde à vivre.
C’est ce regret qui me fait vous rendre attentif à ce qui n’est que normal.
Pour que cela soit fait, je vous dis à Vous Tous les Accornpagnants un grand et sincère rmerel et je
vous ernbrasse très fort.

Je parlais tout à l’heure d’Apostolat, en fait c’est d’Amitié ET MÊME D’amour qu’ilf aut parler. Si le
cas devait se présenter, ayons la même dose d’amitié ou d’Amour. J’en fais le voeu. JMR