La Sécurité sociale, une conquête par étapes
Une rencontre causerie sur le thème de la Sécurité sociale a récemment été organisée par le Dr Karin Insel d’Alsace Cardio en partenariat avec le relais de la bibliothèque départementale du Bas-Rhin.
Joseph Becker, ancien directeur de la Caisse primaire de Mulhouse, a développé « La genèse difficile de l’idée d’une sécurité sociale », un thème qui a vivement intéressé le public.
En préambule, le conférencier a précisé que « le budget pour faire fonctionner l’Etat est de 320 milliards d’euros. Celui de la Sécurité sociale est de 488 milliards d’euros ».
La Sécurité sociale est l’instrument le plus visible de ce qu’on a appelé l’Etat providence. Elle est née de la volonté de reconstruire la nation après la Seconde Guerre mondiale dans un esprit nouveau. Mais l’idée d’une protection sociale collective obligatoire n’a pas été acceptée facilement.
Les étapes
Et de rappeler les étapes de la construction de la protection sociale. Suite à l’industrialisation, les gens ont quitté la campagne pour travailler en usine. Mais ils ne bénéficiaient d’aucune couverture sociale et avaient perdu leurs terres. Au fil des décennies a germé l’idée d’apporter une sécurité à ces ouvriers. La paupérisation a ainsi contribué à créer en 1898 une législation sur les accidents du travail. Suivront, en 1910, les retraites ouvrières et paysannes, les assurances sociales en 1930, les prestations familiales en 1932. Membre du Conseil d’Etat, Pierre Laroque est l’architecte du régime général de la Sécurité sociale, créé en 1945 par ordonnance.
Joseph Becker s’est interrogé : « Cette invention géniale était-elle une conquête ouvrière ou la généralisation d’institutions inventées par le patronat ? » Et d’énumérer ses aspects très positifs : elle est une composante essentielle du pouvoir d’achat des personnes âgées, malades, invalides et chargées d’enfants. Elle diminue par ailleurs l’impact des crises économiques. Elle présente toutefois des défauts : lourdeur bureaucratique, impact négatif sur l’emploi car elle favorise la délocalisation d’entreprises. Enfin, elle atténue ou fait disparaître la responsabilité personnelle. Pour Joseph Becker, « l’incertitude qui demeure en France, c’est le chômage ». En dehors du chômage de masse, la société est aussi confrontée à d’autres défis, notamment la mondialisation et la préservation de la planète.