« Café rencontres-échanges » du 13 février 2017 - Maison du temps libre de Mulhouse
Un premier café-rencontre réussi, plus de 50 personnes. Le conférencier, William CHARPIER, a convaincu toute l’assistance sur les bienfaits de l’activité physique. La grande majorité a confirmé son désir d’assister au temps de fois que possible, aux prochaines réunions.
Article réalisé par William Charpier, Professeur Agrégé d’EPS, Docteur en STAPS et Membre de l’association Alsace-cardio
« Plaçons l’activité physique au cœur de la vie »
C’est à partir de cette incitation pour mettre l’activité physique au cœur de la vie que s’est tenu le premier « Café rencontre-échanges » organisé par Pierre Virtel vice-président de l’Association « Alsacecardio » et animé par William Charpier, professeur agrégé d’EPS, Docteur en STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives).
Les échanges au programme de cette rencontre se sont nourris autour des bienfaits de l’activité physique sur la santé en général et en particulier sur les pathologies cardiovasculaires et métaboliques (diabète, hypertension, hyperlipidémies, obésité…).Ils ont également permis d’aborder la question de la spirale qui conduit de la peur-évitement (kinésiophobie) à la sédentarité et au déconditionnement physique avec ses conséquences psychosociales. Enfin, les discussions ont porté sur la reprise de l’activité physique après une période d’inactivité physique. Comment se ré-entraîner à des efforts adaptés lorsque l’on ne se trouve plus encadré par des professionnels de santé dans des structures médicalisées ? Quels sont les indicateurs permettant de repérer, d’analyser et de mesurer les signes d’adaptation ou d’intolérance à l’effort. Finalement, comment être à l’écoute de son corps et de ses réactions afin de mieux se connaître et pouvoir réguler ses efforts au quotidien et de manière autonome.
Une précision s’impose : que faut-il entendre par activités physiques ?
Dans le langage courant, l’activité physique est souvent assimilée à faire du sport. En réalité, une distinction s’impose. L’organisation mondiale de la santé (OMS) définie l’activité physique comme « tout mouvement corporel produit par les muscles squelettiques entraînant une augmentation substantielle de la dépense énergétique par rapport à la dépense de repos d’un individu ». Dans cette perspective, la notion d’activité physique recouvre un éventail beaucoup plus large de possibilités en intégrant l’ensemble des activités de la vie quotidienne et pas seulement la pratique sportive qui d’une certaine manière constitue un sous-ensemble des activités physiques. Globalement, quatre environnements permettent de pratiquer une activité physique : la vie professionnelle lorsqu’elle est active physiquement ; les déplacements lorsqu’ils sont réalisés en marchant ou à vélo ; la vie domestique avec les tâches ménagères ; et les activités de loisirs comme le jardinage, le bricolage ou encore les pratiques sportives.
Les bienfaits de l’activité physique pratiquée régulièrement sont maintenant biens identifiés et reconnus
Longtemps considérée comme un simple défoulement, un moyen d’évacuer le stress ou encore de parfaire sa silhouette, l’activité physique pratiquée toute sa vie est maintenant reconnue pour ses effets bénéfiques permettant d’augmenter l’espérance de vie en bonne santé, de retarder la dépendance ou encore comme un complément thérapeutique efficace pour de nombreuses pathologies cardiovasculaires et métaboliques (diabète, hypertension, hyperlipidémies, obésité…).
Alors qu’il y a plusieurs décennies, le principe de précaution prévalait en imposant le repos aux personnes souffrant de pathologies cardiovasculaires sous peine d’aggraver leur état, il est maintenant bien établi que la pratique régulière de l’activité physique agit favorablement sur le devenir de la maladie et sa prévention. A long terme, le muscle cardiaque se développe, se renforce et s’économise grâce à des contractions plus puissantes et plus efficaces. Les effets au repos se constatent par une baisse des pulsations cardiaques, alors qu’à l’effort le débit sanguin par minute se trouve nettement amélioré. La circulation sanguine est enrichie par le développement de nouveaux vaisseaux sanguins qui se tonifient tout en permettant une meilleure oxygénation des tissus et du cœur.
L’activité physique régulière : un élément clé dans la gestion du diabète
Quant aux effets sur les facteurs de risque en particulier métaboliques, l’activité physique régulière a une action favorable sur la diminution de la pression artérielle et du mauvais cholestérol ainsi que la survenue d’un diabète de type 2. En effet, il est important de rappeler que des modifications du mode de vie, en particulier celles permettant de s’impliquer davantage dans la pratique régulière d’une activité physique, s’avèrent très efficaces dans la gestion du diabète. Autant dans le cadre de la prévention que de la prise en charge du diabète de type 2, l’exercice physique augmente l’efficacité de l’insuline en améliorant la sensibilité des tissus en particulier musculaires à son action avec pour conséquence une baisse du taux de glucose dans le sang.
L’activité physique sur ordonnance
La prescription de l’activité physique comme élément thérapeutique en association avec les traitements médicaux traditionnels a gagné du terrain auprès des professionnels de santé. Menée expérimentalement depuis 2012 à Strasbourg, la prescription du Sport Santé sur ordonnance (SSO) est devenue une réalité en France depuis le 1er mars 2017. « Dans le cadre du parcours de soins des patients atteints d’une ALD, le médecin traitant peut prescrire une activité physique adaptée à la pathologie, aux capacités physiques et au risque médical du patient », indique le décret.
Cette mesure qui s’adresse aux personnes atteintes d’une affection de longue durée (ALD) confirme la reconnaissance de l’activité physique comme un traitement voire une thérapie alternative et complémentaire pour de nombreuses pathologies.
Sédentarité et inactivité physique : la spirale du déconditionnement physique
Après un grave souci de santé, une opération ou encore un mal de dos chronique, il est fréquent que s’installe de manière insidieuse un comportement d’évitement de l’activité physique provoqué par la peur de la douleur ou de l’aggravation de la situation. Ce syndrome de peur-évitement peut rapidement conduire à la dramatique spirale qui mène de la sédentarité à l’inactivité et au déconditionnement physique.
La sédentarité se caractérise par un état d’éveil dont la dépense énergétique est très faible voire proche du sommeil. Au quotidien, le maintien ininterrompu de la position assise voire couchée pendant plusieurs heures au cours de la journée sont des comportements qui ont pour conséquence d’augmenter non seulement la survenue des maladies cardiovasculaires et des facteurs de risque, mais également d’accélérer la perte d’autonomie pour des personnes déjà fragilisées par des pathologies chroniques. Une habitude à prendre, pour diminuer les effets délétères de la sédentarité, consiste tout simplement à se lever systématiquement et se détendre en marchant pendant 3 à 4 minutes après une heure passée en position assise ou couchée.
Lorsqu’à la sédentarité se surajoute l’inactivité physique, comprise comme un niveau insuffisant d’activité physique modérée dont le seuil est actuellement de 150 minutes par semaine, on peut comprendre dans ces circonstances les véritables menaces potentielles qui pèsent sur le maintien d’une vie en bonne santé.
Une incapacité physique et psychologique se développent. A force de ne plus agir physiquement, la personne n’a plus la connaissance réaliste de ses compétences et de sa capacité à réaliser des efforts ou tout simplement à se déplacer et à entreprendre certains actes de la vie quotidienne. Si rien n’est fait, notamment par l’environnement humain pour enrayer ce cercle vicieux, la perte de contrôle du corps se généralise et peut engendrer un sentiment négatif d’estime de soi et un état dépressif.
La marche : une activité simple, efficace, et à la portée de tous pour placer l’activité physique au cœur de sa vie physique
La marche ou encore mieux la marche nordique en étant équipé de bâtons, s’avère être un excellent moyen pour retrouver progressivement la possession de ses capacités physiques lorsque l’on a des pathologies cardiaques ou après une période d’inactivité. Pratiquée seule ou accompagnée, elle permet de profiter de la nature, du grand air et de s’émerveiller tout en élargissant son espace géographique. « Tout marcheur se sent passionnément vivant, car sa sensorialité est éminemment sollicitée, surtout si il traverse des paysages de toute beauté… », comme le fait remarquer David Le breton, auteur d’un ouvrage portant sur l’éloge de la marche.
Les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui préconisent de réaliser 30 minutes d’activité physique modérée par jour, semblent tout à fait envisageables même si certaines adaptations sont sans doute nécessaires en fonction des capacités physiques.
En effet, la marche se prête très bien à des adaptations tant au plan de l’intensité, de la durée que de la fréquence des sorties. De nombreux outils (cardiofréquence, podomètre…) permettent de repérer, d’analyser et de mesurer les réactions de son organisme ainsi que les signes d’intolérance à l’effort afin de mieux gérer sa pratique. Réaliser une marche à 5 km/h pendant 30 minutes, voire au début avec des moments entrecoupés par un rythme plus lent autour des 3 ou 4 km/h, peut être un objectif réalisable en quelques semaines à condition de programmées des sorties régulières.
Finalement, la marche est une activité physique qui présente de nombreux atouts pour retrouver la confiance dans ses capacités physiques, pour tonifier le cœur et les muscles, stimuler la circulation sanguine et améliorer la ventilation pulmonaire mais aussi pour faire baisser la tension artérielle ou encore mieux réguler la glycémie… Au final, placer la marche au cœur de sa vie permet d’avoir une action bénéfique sur nos potentialités physiques, de retrouver la confiance en soi et de gagner en autonomie sans oublier la dimension sociale en pratiquant en groupe ou par le biais des rencontres qu’elle favorise.
L’activité physique : un remède miracle… ?
Ce premier « café rencontres-échanges » a permis de mettre en évidence les effets bénéfiques que peut procurer la pratique régulière d’une activité physique aussi bien pour lutter contre les effets délétères de certaines affections chroniques ou tout simplement pour atténuer les dégradations liées à l’avancée en âge.
Dans cette perspective, l’activité physique se positionne comme étant un facteur incontournable pour préserver, entretenir et restaurer sa santé et son bien être en reconnectant l’esprit et le corps sans oublier la dimension psychosociale.
Pour autant, l’activité physique n’est pas un remède miracle. Elle est une condition nécessaire mais pas suffisante. D’autres facteurs doivent être pris en compte pour favoriser une vie en bonne santé, notamment la lutte contre la sédentarité, le rôle de l’alimentation ou encore la gestion du stress ou des tensions au quotidien sans oublier le suivi médical régulier.
Par ces rencontres mensuelles, l’association Alsacecardio souhaite contribuer à relever le pari de l’éducabilité thérapeutique qui repose sur le déplacement de la frontière entre la fatalité et le pouvoir
Au programme du « Café rencontres-échanges » du 13 mars qui se déroulera à la Maison du temps libre de 14h30 à 16h30 :
– l’activité physique pour lutter contre la perte de masse musculaire (sarcopénie) et osseuse (ostéopénie) ainsi que des facteurs d’équilibre (proprioception)
– la prévention et le traitement des chutes
– conduite à tenir en présence d’une personne qui vient de chuter
Article réalisé par Willaim Charpier, Profeseur Agrégé d’EPS, Docteur en STAPS et Membre de l’association Alsacecardio