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Compte-rendu de la Conférence- Santé qui s’est tenue le 4 octobre à Drulingen. Intervenant Pr Schlienger Jean-Louis.

« Connaître la Thyroïde et ses maladies »

La thyroïde est une petite glande en forme de papillon située à la base du cou, devant la trachée, elle pèse environ 15g.

 

Le fonctionnement de la thyroïde.

Son rôle dans notre organisme est connu depuis le 19 ème siècle.

Elle produit des hormones : la thyroxine (T4) et triiodothyronine (T3), qui agissent au niveau de récepteurs situés dans différents organes de notre corps, elles activent le métabolisme de nos cellules.

L’iode est indispensable à la formation de ces hormones.  La thyroïde est l’organe qui capte l’iode avec avidité.

Afin de couvrir les besoins en iode de la population cet iode est rajouté au sel de cuisine.

Un défaut en Iode peut entraîner un crétinisme : le Crétin est une personne de petite taille, avec une grosse thyroïde, un déficit intellectuel plus ou moins marqué.

Dans certains pays, comme l’Allemagne, les femmes enceintes bénéficient de façon systématique d’un apport complémentaire en Iode, afin que la future mère sécrète assez d’hormones thyroïdiennes surtout en début de grossesse, puis le fœtus aura sa propre thyroïde qui lui fournira ses hormones.

D’une façon générale, toutes les hormones de notre organisme sont régulées. Pour la thyroïde, ce régulateur est la TSH sécrétée par l’hypophyse située au niveau du cerveau.

La TSH effectue un rétrocontrôle sur la thyroïde : s’il existe un déficit en thyroxine, la TSH augmente afin de stimuler davantage la thyroïde, elle diminue si la sécrétion est trop importante, on arrive ainsi à un équilibre.

Aujourd’hui le dosage de la TSH dans le sang est facile et courant. La valeur normale se situe entre 0,5 et 4µU/ml. Au- delà de 10 il existe une hypothyroïdie nécessitant un traitement. Entre 4 et 10 nous avons une zone d’ombre où des études récentes montrent qu’il n’y a pas de bénéfice  à traiter en dehors de la grossesse. .

Les maladies de la thyroïde touchent plus souvent les femmes que les hommes.

 

L’hypothyroïdie.

Les symptômes de l’hypothyroïdie sont une modification du métabolisme avec une fatigue accrue, un ralentissement moteur et intellectuel, une constipation, une perte de cheveux, une baisse de la température avec impression de froid, une augmentation du cholestérol. Ces signes peuvent faire penser à une dépression, le diagnostic clinique est donc difficile. Le traitement consiste en la prise de médicaments.

L’hypothyroïdie  est une maladie auto-immune où notre corps produit des molécules contre notre propre organisme : des anticorps contre la thyroïde.

Elle est très souvent secondaire à une ablation chirurgicale partielle ou totale de la glande.

 

L’hyperthyroïdie correspond à un emballement de la thyroïde. La TSH est alors inférieure à 0,5, elle peut être très basse (0, 02 par ex.). Les signes sont : une diarrhée, une perte de poids, des troubles du rythme cardiaque à type de palpitations pouvant entraîner une Insuffisance Cardiaque.

 

Les 2 causes d’hyperthyroïdie :

Une maladie auto-immune avec formation d’anticorps stimulants se fixant sur les récepteurs de la TSH au niveau de la thyroïde et incitant à produire davantage de thyroxine en dehors de tout contrôle. La TSH secrétée par l’hypophyse est alors freinée par l’excès d’hormones et donc très basse, voire indosable. On parle alors de maladie de Basedow qui peut également être responsable d’une exophtalmie ; les anticorps agissant au niveau des tissus  situés à l’arrière de l’œil, ce qui a pour effet de pousser l’œil en dehors de l’orbite et de causer une gène au niveau de la vision, ainsi qu’un souci esthétique.

 

Des nodules « toxiques » situés dans la thyroïde qui sécrètent trop d’hormones parce qu’ils échappent au contrôle de la TSH.

 

La structure de la thyroïde.

Cette glande en forme  de papillon est formée de pleins de petits lobules qui avec l’âge fusionnent jusqu’à former des nodules qui peuvent être visibles à l’œil nu.

 

Depuis les années 1980 l’échographie montre la nature de ces nodules qui peuvent être remplis de liquide (des kystes), ou solides car contenant du tissu. Ils sont très rarement cancéreux. De toute façon le cancer, rare, évolue habituellement très lentement, ce qui laisse du temps pour voir évoluer le nodule. Nous avons d’ailleurs de nombreux organes qui contiennent de tout petits cancers qui n’évolueront jamais.

Les irradiations, type Tchernobyl, augmentent le risque de cancer uniquement chez l’enfant de moins de 2 ans.

Les nodules thyroïdiens sont très fréquents : à 20 ans 1 femme sur 3 a des nodules banals, après 70 ans, ce chiffre est de 2 personnes sur 3.

Un kyste trop volumineux peut être ponctionné, son contenu analysé.

La scintigraphie à l’iode radioactif n’a plus de raison d’être. Elle n’est d’aucune aide pour le diagnostic de cancer. L’échographie, le dosage de la TSH et de la T4 libre dans le sang suffisent pour poser un diagnostic et assurer le suivi du traitement entrepris.

 

Les traitements des maladies de la thyroïde.

Traitement de l’hypothyroïdie.

Il est uniquement médicamenteux : c’est le Lévothyrox qui est de la thyroxine synthétique. Le dosage se fera en suivant le TSH. Il faut compter au moins 3 mois pour trouver le bon équilibre.

 

Traitement de l’hyperthyroïdie : 3 possibilités.

  • Le Néomercazole bloque le fonctionnement de la thyroïde, la durée du traitement est de 18 à 24 mois en moyenne, il est particulièrement indiqué pour la maladie de Basedow. Les récidives sont possibles.
  • La chirurgie avec ablation du nodule toxique si possible, sinon de toute la glande. Cette chirurgie n’est pas sans risque. Le chirurgien peut toucher des nerfs et ôter également 4 petites glandes, les parathyroïdes situées derrière la thyroïde.
  • L’irradiation de la thyroïde avec de l’iode radioactif qui éteint le nodule toxique.

 

À retenir.

Les hormones thyroïdiennes (T4 et T3) sont indispensables au développement cérébral du fœtus et du petit enfant ainsi que pour le métabolisme énergétique  de la vie fœtale à la mort. La thyroïde a besoin d’iode pour fabriquer ces hormones.

Les maladies de cette glande sont une production trop forte ou trop faible d’hormones.

On parle d’hypothyroïdie lors d’un taux trop bas de T4, le diagnostic se fait grâce à la TSH qui est augmentée, le traitement consiste en la prise de médicaments (Levothyrox*).

En cas d’hyperthyroïdie, la TSH est très basse et le taux de T4 libre est augmenté. Ces sécrétions  sont trop importantes car toute la thyroïde travaille de trop globalement     (maladie de Basedow) ou de fait de nodules hyperfonctionnels dits toxiques. Le traitement peut être soit médicamenteux (Néomercazole*), chirurgical avec ablation du nodule ou de toute la glande, soit irradiation par l’Iode radioactif, ou autre produit radioactif. Le suivi de l’hyperthyroïdie se fait grâce au dosage de la TSH qui augmente progressivement lors de la mise en route du traitement adéquat.

 

Texte rédigé par Dr Insel Karin, revu par Pr Schlienger J-L.